#SEEPH 2023

Pour l'occasion de la 27 édition de la SEMAINE EUROPEENNE POUR L'EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPEES nous nous penchons sur la prise en compte des handicaps au sein du GRETA-CFA Bretagne Sud

Rencontre avec Khadija, AASH et Véronique référente Handicap au GRETA-CFA Bretagne Sud.

Khadija, titulaire d’une Licence Action Sociale et de Santé, a travaillé en tant que formatrice coordinatrice référente remise à niveau selon l’approche par compétences au sein de l’École de la Deuxième Chance dans l’Est de la France. Elle également initié et présidé durant deux ans en Bretagne une association d’alphabétisation/français langue étrangère dans le cadre de la Politique de la Ville. Maman de quatre enfants, elle est aujourd’hui AASH au Greta.

Si l’acronyme AESH est plutôt bien connu, celui d’AASH ne l’est pas car il est né d’une initiative du GRETA-CFA Bretagne Sud pour permettre aux apprentis en situation d’handicap de pouvoir bénéficier ou continuer de bénéficier d’un accompagnement adapté. 

Je m’occupe de l’accompagnement de deux apprentis, une jeune femme en section Esthétique Cosmétique Parfumerie au Lycée Marie Le Franc et un jeune homme en Électrotechnique au Lycée Colbert, qui sont tous les deux multi-DYS*.

Mon rôle, une fois les besoins adaptés à chaque individu définis, est d’accompagner et de soutenir l’acquisition des apprentissages. J’interviens principalement dans la prise de notes et la compréhension des consignes. Pour la jeune femme, je l’épaule en cours comme en évaluations dans les matières telles entre autres la physique-chimie. Concrètement, pendant que le professeur déroule son cours, je le prends également en note et dès les premières interrogations ou signes d’incompréhensions de l’apprentie que je détecte en l’observant faire ou qu’elle m’exprime directement, je lui apporte les explications complémentaires sous forme de reformulation. Cette aide en temps réel favorise une progression régulière et continue dans les acquisitions. Toutefois, il arrive parfois que l’étayage instantané soit insuffisant pour une totale compréhension. Dans ce cas, nous prévoyons ensemble de revenir sur la partie posant difficulté lors de l’heure de soutien hebdomadaire.  Au-delà de ma présence en classe, l’accompagnement comporte un temps de remédiation individuel d’une heure minimum par semaine. Il consiste pour l’essentiel à reprendre les notions étudiées, et, à se préparer aux évaluations. Pour ce faire, je mets en place des outils favorisant la mémorisation et l’acquisition des compétences à savoir le mind mapping, séquençage du cours, questionnaire « ciblé », visualisation, image mentale. Pour le jeune homme, il s’agit de reprendre le cours de français tel qu’il l’a noté :  nous corrigeons ensemble les fautes d’orthographe et de syntaxe puis je rappelle au fur et à mesure la règle grammaticale applicable. De cette manière inductive, je l’aide à développer une prise de note soignée.

Il arrive aussi que les échanges avec eux soient moins formels, moins axés sur l’apprentissage des cours en tant que tel mais sur leur quotidien : exploits, ressentis, stress, etc. A titre d’exemple, les débriefs de journée permettent parfois en les exprimant de régler des angoisses liées à leur formation.
Le suivi des apprentissages fait l’objet d’un dialogue entre moi et Véronique Le Foll, coordinatrice de formation au secteur industrie qui porte également la casquette de référente handicap du GRETA-CFA Bretagne Sud.

Le travail d’AASH revêt un caractère particulier : nous sommes, quelque part, aussi dans une posture d’apprenant. En effet, appelés à intervenir, au besoin, dans les matières dites « de spécialités », nous abordons de nouveaux savoirs. Savoirs que nous parvenons aisément, grâce à la plus-value de nos compétences, à maîtriser pour une transmission adaptée aux différents handicaps. Fortement intéressée par les neurosciences, j’use de diverses pédagogies à l’instar notamment de la Gestion Mentale d’Antoine de La Garanderie pour les aider à appréhender des notions a priori complexes. L’idée étant vraiment de développer avec bienveillance, à partir de ses acquis, l’autonomie de l’apprenant, renforcer la confiance en lui pour pouvoir, en toutes situations, mobiliser ses compétences.

J’ajuste ma transmission à la capacité d’apprentissage du jeune. À travers l’écoute active et une relation de confiance établie, je peux m’assurer de la bonne compréhension des éléments essentiels des cours.

Pour être AASH, AESH, la qualité primordiale est d’avoir une forte sensibilité à la question de l’inclusion : être disposer à (ré)apprendre à apprendre en vue de transmettre à un public en situation de handicap et vouloir contribuer ainsi à son insertion professionnelle.

Véronique est la personne ressource sur le handicap auprès de l’ensemble des intervenants.  Elle appuie son action sur un système de référents handicap relais dans chaque agence du GRETA-CFA Bretagne Sud à Lorient, Vannes et Pontivy. Sa mission s’inscrit dans le cadre du PRITH (Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés), de la PFRPH (plate-forme de ressource humaine) mise en place par l’État et la Région Bretagne et du plan d’action du GRETA.

Comment met on en place un accompagnement ou un aménagement ?

Soit le handicap est identifié en amont de la formation avec une RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) auquel cas, le·la coordinateur·rice de formation m’informe afin que je reçoive la personne et qu’au regard de sa situation, nous identifions le besoin. Je prends ensuite contact avec le partenaire adapté.
Dans le cas de DYS, hors handicap moteur, l’interlocuteur identifié par des accords avec la Région et la DRAFPIC est LADAPT, association pour l’insertion des personnes en situation d’handicap. Pour une personne avec un handicap physique, on monte un dossier avec l’Agefiph pour une évaluation avec un ergothérapeute référencé qui va, avec l’apprenant, sur le lieu de formation, évaluer les besoins d’aménagements et les investissements nécessaires. Cela peut-être du matériel ergonomique adapté qui est commandé également via des prestataires identifiés comme Ergosanté Ouest et Azergo. La prise en charge est à 70% pour l’agefiph et de 30% pour le GRETA.

Reconnaissance d'un handicap en cours de formation

Il peut arriver que l’équipe se rende compte qu’une personne rencontre ou va rencontrer des difficultés pour suivre de façon optimale sa formation en raison d’un handicap non reconnu. En ce cas je sollicite un rendez-vous avec la personne pour lui donner des informations sur la demande de reconnaissance du handicap, qui se fait via un dossier unique de demande à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ou MDA (Maison départementale de l'autonomie : spécifique au Morbihan) à compléter du certificat médical à remplir avec son médecin. La RQTH permet de financer des matériels spécifiques, à défaut les équipes sont à l’écoute pour favoriser les conditions d’apprentissage et peuvent proposer des solutions d’aménagements particuliers : souris ergonomique, sièges ergonomiques, etc.

Et à l'interne ? 

C'est le même processus pour les personnels du GRETA. Si la personne a une RQTH on peut mettre en place du matériel financé par la FIPHFP (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique). Je peux également informer les personnes sur les démarches à suivre pour constituer un dossier de RQTH.